Le projet pharaonique dit « Cité de la mode et des Arts créatifs » irait son chemin si ses opposants baissaient les bras. Ce qui n’est pas le cas. Plus mobilisés que jamais ils en appellent à la solidarité de toutes celles et ceux qui souhaitent s’opposer à la folie consumériste, destructrice du climat et de la vie sur la planète.
On trouvera ici la dernière version de ce projet dont l’intitulé n’a cessé d’évoluer pour devenir « la Cité de la mode et des arts créatifs ». Il est vrai que le mot luxe qui a disparu était par trop provocateur pour toutes celles et ceux qui ont des difficultés (et plus que ça, le chômage est à 22 % et le taux de pauvreté à 19%)) de fins de mois et dont certain(e)s occupent toujours hebdomadairement le carrefour de la route de Martel à l’entrée de Souillac.
Comme on peut le voir sur ce document deux « porteurs » du projet « Pôle tourisme des Aubugues- Cœur de ville », l’un italien l’autre américain, ont donné leur accord pour « porter »et financer tout cela, ce qui suggère une première observation : lors de la réunion du 28 août dernier dite de « restitution », le maire de Souillac affirmait que les deux projets, les Aubugues et « Cœur de ville », étaient dissociés et que ce dernier n’avait donc rien à voir avec le tourisme mais seulement avec le bien-être des habitants de Souillac
Il mentait, comme le prouve le document qui nous est présenté aujourd’hui par ses amis. Il s’agit bien d’un seul et même projet qui n’a d’autre but que d’attirer les touristes et particulièrement les Asiatiques (sic) qui, selon Gilles Liébus, recherchent moins le soleil que le shopping (sic) et ceci au mépris de toute préoccupation environnementale et climatique.
Mais entrons un peu dans les détails et pour cela examinons ce document. Il s’agit donc de 100 M€ financés entièrement, dans leur grande bonté, par un groupe italien que l’Association dévouée à G. Liébus a eu le privilège de rencontrer, et un groupe américain s’appuyant sur « un consultant français garant de la faisabilité et de la qualité du projet ».
Bien entendu les opposants que nous sommes n’ont pas eu le même privilège raison pour laquelle nous venons de faire un courrier au président Liébus lui demandant, au nom de la transparence démocratique à laquelle nous ne doutons pas qu’il soit attaché, de nous communiquer les coordonnées de ces porteurs « étrangers » et de ce consultant « français » afin que nous puissions les informer de notre préoccupation et de notre détermination. Nous ne doutons pas un instant qu’il se fera un devoir de nous répondre dans les plus brefs délais.
Concrètement le site des Aubugues sur lequel serait implanté le « pôle tourisme » s’étend, nous dit-on, sur 50 000 m² sur lesquels seraient créé un joli village « avec ses places, ses maisons et ses jardins ». Curieusement les magasins « touristiques » sont absents de cette idyllique description. En revanche ce qui n’est pas oublié c’est le parking de 1500 places qui jouxtera le joli village mais qui sera respectueux de l’environnement puisqu’il bénéficiera d’une toiture « végétalisée » (!). Dans ces conditions il n’est pas inutile de savoir que ce site se compose essentiellement de champs dont la terre est particulièrement fertile et qu’il est limité par un viaduc construit à la fin du dix neuvième siècle, œuvre d’art inscrite aux monuments historiques depuis le 28 décembre 1984, et par une gracieuse petite rivière dont les eaux vives ont cependant déjà subi quelques outrages.
C’est en ce lieu que ce projet ferait circuler 3000 voitures par jour sur une « voie douce » dont la douceur ne serait nullement contrariée par les gaz d’échappement des 3000 voitures quotidiennes. En outre une voie d’accès, balafre dans les champs de luzerne, serait aménagée à partir de la gare sans doute pour accueillir les milliers de touristes (asiatiques?), ceci pour peu que les trains consentent à s’arrêter. A ce propos de nombreux citoyens de Souillac ont pendant vingt ans hebdomadairement manifesté sur les voies pour, justement, préserver cette gare menacée comme bien d’autres. Curieusement nous n’avons jamais vu pendant ces vingt ans le président Liébus assis sur les rails devant les locomotives.
Revenons à notre document où l’on voit que les « porteurs » ne se privent pas du traditionnel chantage à l’emploi mais ici dans des proportions sans doute inégalées puisqu’il est tout modestement question « de nombreux emplois (1700 parait-il) en CDI liés à une activité prévue 7 jours/7 et toute l’année ». Ne semble-t-il pas que nous soyons entrés dans le domaine du délire ? A moins que Gilles Liébus ne s’adonne à on ne sait quelle magie qui attirerait dans son joli village de la Mode et des Arts créatifs des nuées de touristes (asiatiques?) en mal de shopping (sic) .
Enfin nous disent ces messieurs assis autour de Gilles Liébus et jonglant avec les millions d’euros, le permis de construire sera déposé au cours du premier trimestre 2020 et, si tout va bien, le projet verra le jour au premier semestre 2023 (sans doute veulent-ils dire la réalisation du projet car le projet, ils pataugent dedans). Cependant comment ne pas remarquer qu’il n’est à aucun moment question des expropriations prévues ni de l’exil forcé des habitants alentour qui ne supporteraient pas, pour se rendre dans leur demeure, d’avoir à traverser un champ de ruines en forme de « joli village » égayé de lumières clignotantes et de jolies musiques publicitaires.
Telle est la raison de l’appel à la solidarité que nous lançons aujourd’hui, car pour nous opposer à cette aberration nous avons besoin de conseils d’ordre juridique, de témoignages de celles et ceux qui se trouvent dans des situations semblables, de l’appui de personnalités impliquées dans le combat pour la préservation de la planète et, bien sûr de toutes les bonnes volontés.
Pour commencer on peut signer notre pétition, ici, et pour de plus amples informations se rendre sur notre page facebook, ici.
Merci par avance à toutes et à tous.
Nestor Romero