zoom sur un projet d’échange de jeunes Franco-Allemand … et au-delà.
Cette fois-ci, l’équipe d’Arts Scène dépasse les frontières et crée un pont entre le Lot et l’Allemagne dans le cadre d’un échange de jeunes entre les deux pays.
La première phase a eu lieu pendant les vacances de la Toussaint, du 22 au 28 octobre où l’association a accueilli un groupe de jeunes venu d’Allemagne.
Nous sommes allés les rencontrer, au hameau de Barrières près de Miers, où Mano nous parle de ce projet.
Arts Scènes et Compagnie, pour celles et ceux qui ne la connaîtrait pas encore, est une association lotoise, basée à Saint-Céré, qui par le jeu, la culture, l’art et l’itinérance, invite les jeunes et les adultes à partir à l’aventure « de la rencontre de l’autre ».
Au milieu des ruines, caractéristiques de ce lieu, des groupes discutent et jouent, tout en finissant de manger. Des jeunes nous accueillent avec le sourire, des bananes au chocolat, tirées du feu, à la main.
Mano raconte : « Le projet a démarré il y a plus d’un an par des premiers contacts avec les animateurs d’une association allemande, Felix et Daniel, travaillant avec l’école Berlinoise la « Gustav-Langenscheidt-Schule ».
L’idée est d’accueillir des jeunes allemands dans le Lot puis d’envoyer les jeunes lotois à Berlin. Nos deux équipes sont motivées par une envie de développer pour ses jeunes l’expérience de la mobilité, de l’interculturalité, de la rencontre au-delà des différences, des habitudes, des religions aussi. Montrer que tout cela n’est pas un frein, bien au contraire.
Nous voulons aussi nous adresser à des familles et des jeunes ayant moins d’opportunités que d’autres, pour vivre ces possibilités d’échanges.
Peux-tu nous parler un peu des jeunes qui participent à ce séjour ?
Côté français, ce sont des jeunes de 12 à 14 ans qui ont déjà participé à un séjour de deux semaines ensemble cet été, dans l’idée de préparer cet échange et de constituer un groupe aussi. Côté allemand, les jeunes sont un peu plus âgés, ils se connaissent déjà puisqu’ils sont dans la même école et fréquentent la même association, l’après-midi après les cours, le système éducatif allemand étant différent du nôtre.
Le groupe allemand est déjà bien tourné vers l’interculturalité (rajoute Mano avec un grand sourire), puisque nous avons des jeunes originaires de Bosnie, de Croatie, du Liban, de Russie, de Palestine, d’Afghanistan, de Syrie, de Guinée et une allemande !
Vous êtes à la moitié de ce premier temps d’échange. Quel est ton regard à ce stade ?
Comme toujours, il faut s’adapter et faire avec la réalité de terrain.
Tout d’abord, il y a un décalage d’âge entre les deux groupes et nous devons aussi jongler entre nos souhaits de mélanger les jeunes et les leurs qui ne sont pas forcément les mêmes.
Par exemple, nous sommes hébergés à la base de loisirs de Mézels et nous pensions proposer des chambres mêlant les deux groupes. Finalement nous avons priorisé leur souhait de rester par affinités.
Les échanges se font d’avantage lors des activités et jeux, même s’il est vrai que pour cela, nous sommes amenés à imposer la composition des groupes. Mais une fois fait, cela se passe vraiment bien et l’interaction a lieu. Il faut parfois pousser un peu.
Je réalise aussi que la plus grande des différences n’est pas dans le caractère culturel lié aux nationalités, mais dans le clivage campagne-ville. Les Berlinois pensaient voir Paris ou Barcelone, pas la campagne lotoise. Il y a aussi un décalage du rythme quotidien, les plus âgés veillant beaucoup plus tard.
Pour nous, organisateurs et encadrants, adaptation est le maître-mot de ce projet, mais vraiment depuis le début, en amont des séjours !
Peux-tu préciser ?
Déjà d’un point de vue structurel, nous avions monté un dossier Erasmus + pour obtenir un financement européen, mais malgré une bonne note nous n’avons pas obtenu le financement à trois places près (pour 86 demandes il y a 31 acceptations).
Du coup, avec un budget plus petit, cela nous a obligé à revoir l’organisation, impactant tous les aspects du séjour. Par exemple, les jeunes de Berlin n’ont pu, dans l’avion, prendre qu’une valise-cabine, limitant le nombre de vêtements, il nous faut donc faire des machines, facturées par la base de Mézels. Là-bas, nous sommes passés de la demi-pension à la gestion libre des repas, générant plus de travail. Heureusement nous sommes ultra polyvalents et j’ai le permis transports en commun, alors je conduis aussi le bus (Mano rit).
Autre imprévu, l’association allemande qui devait accueillir les jeunes lotois là-bas ne poursuivra pas avec nous le projet jusqu’au bout. Heureusement Daniel et Felix se sont démenés pour trouver une autre structure en lien avec l’école pour reprendre le projet. Un vrai casse-tête. Nous redéposons un dossier auprès de l’Europe pour la partie voyage en Allemagne, nous ne lâchons rien !!
Cela semble impliquer une grande connivence entre les deux équipes ?
Oh oui, et elle n’est pas de trop !!
Ce qui est chouette, c’est que nous avons au-delà de la « VPP », la visite préalable de planification, prévue en septembre, eu la possibilité de nous rencontrer avec Félix et Daniel dès juillet.
En effet, je suis parti au nord de Berlin au début de l’été, avec une autre structure, « Peuple et Culture », pour me former sur l’animation des ateliers d’échanges linguistiques. C’est d’ailleurs à ce moment que nous avons reçu la réponse négative de l’Europe. Heureusement j’ai pu voir Daniel tout de suite, il m’a d’ailleurs bien soutenu dans ce moment démotivant, cela nous a permis de rebondir ensemble.
Un autre atout pour l’équipe est que Maya, une animatrice d’Arts Scène, parle allemand, que Daniel et Felix sont bilingues, l’un ayant vécu 2 ans en France, l’autre étant Guyanais, et que je me débrouille un peu en allemand.
Du côté des jeunes, comment vivent-ils la barrière de la langue ?
Nous avons mis en place des ateliers linguistiques tous les jours pour pouvoir favoriser les échanges, mais avec une trentaine de jeunes en tout, le temps de paroles est forcément limité. Dans le quotidien, cela passe beaucoup par nos animateurs-traducteurs, mais les jeunes se débrouillent, ils ont leurs téléphones et internet !!
N’est-ce pas un signe positif de motivation de leur part s’ils utilisent leur téléphone pour communiquer ?
C’est vrai. Quel que soit le pays, citadins ou de la campagne, ce sont des jeunes connectés : ils utilisent leurs outils à eux, même si les traductions ne sont pas toujours très fiables (rires).
Comme les jeunes communiquent plus naturellement lors des activités, nous avons décidé d’adapter les temps consacrés aux ateliers linguistiques pour les amener faire de l’accrobranche afin de favoriser les échanges dans le cadre de cette activité plus exceptionnelle.
Je vois beaucoup de monde, là, plus de trente jeunes, non ?
Oui, il y a aussi un autre séjour d’Arts Scènes qui est là cet après-midi, en lien avec le Parc (Parc Naturel Régional des Causses du Quercy), l’idée est de créer une dynamique pour une grande après-midi jeu. Les jeunes ont aussi la possibilité de se poser un peu avec un atelier découverte de la poterie proposée par Valery. Il y a également un autre groupe d’Arts Scènes qui filme pour réaliser un clip. Et ce soir à Mézels pour les « Games of Arts Scènes » nous serons encore plus nombreux car nous avons invité un groupe de Limoges qui est sur la base.
Vous chercher à provoquer le plus de rencontre possible ?
Oui, d’ailleurs pour finir le séjour, nous avons prévu un grand Loto interactif et théâtralisé à la salle des fêtes de Saint-Michel-de-Bannières à partir de 20h, il est ouvert aux familles et au grand public. Une belle soirée en perspective.
Si tu devais dire un dernier mot sur ce séjour ce serait lequel ?
Au début de ce type de projet, il y a toujours des tas d’objectifs, de concepts, de mots. A ce jour s’il ne doit en rester qu’un, c’est bien la rencontre.
Nous laissons Mano rejoindre les équipes dans les jeux en cours, en attendant de la retrouver dans quelques mois pour partager la suite de cette aventure Franco-allemande.