Cahors le nouveau désert de la soif

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Cahors le nouveau désert de la soif
par Bill

L’ autre jour mon puits était à sec. Paradoxale coutume locale puisqu’il avait plu abondamment.

J’ai enfilé mon burnous, enfourché mon chameau et suivi la longue et lente cohorte de la caravane qui cheminait avec peine sur les arides sentiers de la soif cadurcienne pour aller s’ approvisionner à la source municipale. Là, d’aimables bédouins m’ont généreusement octroyé ma dose, rationnée par oukase municipal, d’eau potable. Après avoir humblement remercié la Mairie et le ciel (ordre protocolaire) de tant de munificence, je suis rentré dans mon douar me préparer des carottes à l’eau : c’était fête, mais là aussi un grave danger me guettait : des âmes bien attentionnées m’ avaient mis en garde : les néo-virus ou bactéries s’étaient si bien adaptés aux multiples saloperies biochimiques qu’on leur avait déversées sur la gueule depuis tant d’années, qu’elles risquaient de résister même à la cuisson. Dans des temps technologiquement moins armés, autant dire barbares, des légendes racontent qu’il suffisait de faire bouillir l’eau pour la rendre buvable mais c’était, il y a très très longtemps, dans une autre galaxie. J’ai suggéré de stériliser la flotte dans un réacteur nucléaire, mais à Golfech ils n’ont pas voulu. Preuve de leur inadaptation aux nouvelles conditions de survie. Comme aurait pu dire une belle écervelée qui y a perdu sa tête : s’ils n’ont pas d’eau qu’ ils boivent du vin ! (Et puis ça aiderait les viticulteurs lotois en grande difficulté). Décidément cette Mairie manque d’imagination pour faire face aux problèmes qu’elle n’ a pas voulu résoudre .

L’an dernier, au mois de mars, nous avions supporté les mêmes avanies gastro-entériques et les beaux discours de fleurir à foison ! Demain on allait raser gratis et boire de l’eau digne des alpages. Des spécialistes avaient fait état de solutions déjà appliquées dans d’autres agglomérations, des journaux lotois avaient relayé les questionnements (pour rester poli) des Cadurciens. On allait voir ce qu’on allait boire ! Ben on a vu et on a bu !! Les grands projets inutiles vont bon train. Enfin inutiles, ils ne le sont sûrement pas pour tout le monde ! Du Multipepetlex (7 briques d’euros une paille !) à la belle façade de style stalino-mussolinien du Best Machin, le Cahors du XXIième siècle n’est en réalité qu’une façade et un discours vide. En mars 2017, 120 000 bouteilles avaient été distribuées, combien cette année ? Pourquoi n’a-t-on pas, ne serait-ce que commencé des études sur la mise en place d’une filtration réellement performante, qui serait, à l’évidence, une priorité ?

Quid des Syndicats des eaux, comme celui du Quercy blanc qui, s’approvisionnant en payant auprès de la Régie cadurcienne, subissent les mêmes avanies du fait du refus de cette même Régie cadurcienne d’opter pour la mise en fonction d’une usine de microfiltrations ? Jusqu’à quand supporteront-ils, eux aussi, les résultats de cette mauvaise volonté doublée d’incurie ?

Quelles mesures la Mairie serait-elle capable de prendre si une telle situation se renouvelait pendant la saison touristique ? Pour le coup, le festival de blues deviendrait le festival de bouse et ce serait la station d’épuration qui risquerait de déborder. L‘office du tourisme pourrait alors pondre une de ses jolies plaquettes de propagande en expliquant que les subtiles fragrances qui embaumeraient la ville font partie de son authenticité. Du côté du Best trucmuche avec vue sur le Valentré, ça aurait un véritable parfum du XIVième siècle, dont nos gentils toutous seraient ravis.

L’incohérence absolue de ce système s’étale partout, même dans les aspects les plus ordinaires de la vie courante. La modernité, dont on nous rebat tellement les oreilles, va-t-elle finir par rendre totalement invivable la planète ? Le pire, c’est que dans d’autres villes, aux USA par exemple, l’eau y est absolument impropre à la consommation car totalement polluée par les rejets de l’industrie chimique. Et ce n’est pas du tout l’avenir que nous souhaitons pour notre planète et tous ceux qui l’habitent (autres espèces que la nôtre y compris) !

À bientôt pour l’apéro.

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