Courrier remis aux élus du Lot et au préfet lors du congrès des maires.

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Interpellation des élus au congrès des maires

Les citoyens inquiets sur l’installation de  4 projets de méthaniseurs sur le Ségala, ce sont mobilisé pour interpeller les élus et le préfet,  au congrès des Maires, dimanche à Lacapelle Marival.

Le refus du Président des Maires du Lot et du préfet de laisser les citoyens s’exprimer est ressenti comme un véritable mépris par la population.

Pourtant les inquiétudes sont bien réelles et argumentées, notamment sur l’impact agronomique et hydrologique avec la perte de matière organique et la stérilisation des sols (voir conférence de C et L Bourguignon) .

Nous demandons aux élus et au préfet de prendre toutes leurs responsabilités pour préserver la qualité de notre eau. De nombreuses communes se sont d’ailleurs prononcées contre ces projets.

Nous exigeons une véritable étude scientifique, pluriannuelle, sur l’impact de ces techniques sur les sols et sur les ressources hydrologiques.

Au préfet de prendre ses responsabilités et d’exiger cette  étude avant toute implantation de méthaniseur dans le Lot

Ci dessous le courrier remis aux élus du Lot et au préfet lors du congrès des maires.

Les citoyennes et citoyens lotois

Nous voulons boire de l’eau propre, stop à l’implantation de méthaniseurs dans le Lot.

Lacapelle Marival, congrès des maires, 7 octobre 2018

 

Monsieur le Préfet, Mesdames, Messieurs les élus,

Nous sommes plusieurs associations, collectifs citoyens et syndicat à vous interpeller sur notre inquiétude sur le développement de la méthanisation dans le Lot au vu des 4 projets de méthaniseurs sur le Ségala, Gorses, Labathude, Espeyroux et Viazac, pour un total de 83 500 tonnes traités, 4052 ha épandus sur 46 communes du Causse, Ségala et Limargue.

La méthanisation est aujourd’hui présentée comme la voie d’avenir pour la production d’énergie renouvelable et les objectifs du gouvernement sont très ambitieux avec des fonds de soutien important et un assouplissement inquiétant de la réglementation.

Malheureusement, la dimension agronomique et hydrologique a très peu été étudiée.

Sur le plan agronomique, la méthanisation et l’utilisation du digestat brut pose plusieurs problèmes :  l’exportation de 60 à 70% du carbone en méthane et en CO2 entraine une perte importante de matière organique des sols et l’apport d’azote sous forme ammoniacale entraine la stérilisation des sols avec un double impact sur leur capacité de nourrir les plantes mais surtout sur leur capacité de rétention en eau et en éléments minéraux. Ceci a notamment été évoqué par Lydia et Claude Bourguignon, spécialistes de la vie du sol, lors de leur conférence du 7 Septembre à Capdenac.

Sachant que le Ségala constitue le château d’eau du Lot, avec les rivières du Drauzou à Labathude, du Francès et de l’Ouysse à Espeyroux, du Bervezou et du Tolerme à Latronquière, de la Bave à Labathude, Terrou, Gorses, et tous les petits ruisseaux, les conséquences sur les ressources en eau peuvent malheureusement être désastreuses pour l’ensemble des citoyens lotois.

Nous attirons en particulier votre attention sur les résidus bactériologiques des digestats, (notamment les clostridium non-éliminés par la méthanisation et l’hygiénisation) sur les résidus de pesticides, d’antibiotiques et autres perturbateurs endocriniens.

Le fait que le digestat soit classé en produit et non plus en déchet valorisable agronomiquement, avec comme conséquence l’absence réglementaire de plan d’épandage est particulièrement inquiétant pour le contrôle des apports qui se font déjà dans des conditions irrégulières (pente, quantité, épandage en période humide).

Plusieurs paysans et citoyens nous ont déjà alertés sur leurs inquiétudes quand à l’utilisation de leurs sources personnelles pour l’alimentation en eau potable, pour l’abreuvement des animaux ou pour l’arrosage de parcelles maraichères.

Le récent épisode de fermeture de la station de Longuecoste (mois de Mai), à Montet et Bouxal, après des épandages massifs en période de pluie, appuie notre inquiétude et nous amène à vous mettre, vous monsieur le Préfet et toutes les autorités publiques, et vous les élus devant vos responsabilités.

On peut également s’interroger sur le bilan carbone avec la production de chaleur qui n’est pas récupérée et la multiplication des transports avec des épandages à plus de 30km. Sans parler de l’insécurité routière pour les riverains et de l’entretien des routes alors que les dotations baissent.

Ce développement de la méthanisation sous prétexte de développer les énergies renouvelables est dans la suite logique d’une industrialisation de plus en plus poussée de l’agriculture,  avec la concentration d’ateliers hors sol de plus en plus gros,  et toutes les nuisances qui en découlent : nuisances olfactives, pollution hydrologique et problèmes sanitaires, dépendance financière et diminution du nombre de paysans.

Les fortes mobilisations citoyennes montrent les limites de l’acceptabilité de ce type d’agriculture et l’urgence de sortir de ce modèle pour une agriculture qui réconcilie les citoyens avec les agriculteurs.

Pour toutes ces raisons, nous demandons une véritable étude scientifique, pluriannuelle, sur l’impact de ces techniques sur les sols et sur les ressources hydrologiques avant toute implantation de nouvelle unité de méthanisation dans le Lot.

Monsieur le Préfet, vous avez, lors des assises de l’eau, le 28 septembre, affirmé votre engagement pour l’eau potable. Nous attendons des actes: exigez cette étude scientifique avant toute implantation de méthaniseur dans le Lot.

Les citoyennes et citoyens lotois

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